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Un syndicat d’irrigation a été créé pour maintenir l’approvisionnement en eau des exploitations maraîchères et agricoles du Furttal, qui fait partie de l’agglomération zurichoise. Ce syndicat prévoit d’aménager un nouveau captage d’eau, une station de pompage, un réservoir à une altitude plus élevée ainsi que le réseau principal de distribution du système d’irrigation. Le coût du projet est estimé à 8,25 millions de francs, dont 27 % seront financés par la Confédération et 30 % par le canton de Zurich. Les dépenses restantes, soit 3,5 millions de francs, seront assumées par les membres du syndicat. Les frais d’exploitation annuels s’élèveront à 300 000 francs. L’irrigation des 250 hectares de terres cultivées dans le Furttal consomme en moyenne 350 000 m3 d’eau par an, un volume qui devrait aller jusqu’à 500 000 m3 les années de sécheresse.

Conformément au plan directeur régional, le Furttal, qui se trouve à la périphérie de l’agglomération zurichoise, a pour vocation d’approvisionner la population en produits frais et en denrées alimentaires de haute qualité. Les surfaces de cette région sont utilisées par de grandes exploitations modernes de production maraîchère ou végétale, par des exploitations agricoles de taille moyenne et par le terrain de golf d’Otelfingen. Les cultures maraîchères et les cultures spéciales ont besoin d’être irriguées, pour des raisons climatiques, parce que les produits doivent satisfaire aux exigences contractuelles des clients et à la qualité exigée ou parce qu’ils sont cultivés dans des serres. Aujourd’hui, l’eau d’irrigation provient en partie du réseau d’eau potable des communes, de bassins d’irrigation, de la nappe aquifère ou d’eaux de surface prélevées dans le domaine public.

Il a fallu revoir et restreindre notablement les concessions qui avaient été octroyées par le service des déchets, de l’eau, de l’énergie et de l’air du canton de Zurich (AWEL) en vue de l’utilisation de l’eau de ruisseaux et de nappes phréatiques pour l’irrigation. L’eau des affluents du Furtbach et des nappes phréatiques ne pourra plus être prélevée pour l’irrigation et celle de ce cours d’eau ne pourra servir à l’arrosage du terrain de golf que si le débit est suffisant. Il était donc nécessaire de trouver une autre solution permettant de continuer à fournir suffisamment d’eau aux agriculteurs et aux maraîchers.

Porteur du projet

Le syndicat Furttal (BGF) a pour mission d’aménager et d’exploiter le réseau d’irrigation et les installations nécessaires, telles que les stations de pompage et les bassins d’accumulation. Ce syndicat agit en qualité de concessionnaire et administre toutes les concessions octroyées par l’AWEL pour l’utilisation des eaux de la région zurichoise du Furttal à des fins d’irrigation. Une étude préliminaire a tout d’abord été menée pour explorer des pistes possibles (bassins d’accumulation, eau de la Limmat ou réseau d’eau potable). Les analyses ont révélé que la meilleure variante consistait à aménager une station de pompage sur la Limmat, un réservoir sur le Hüttikerberg et un réseau de distribution dans le Furttal.

Périmètre et besoins en eau

L’étude de la littérature scientifique et les sondages réalisés auprès d’agriculteurs et de maraîchers ont permis de déterminer la demande et la consommation d’eau d’irrigation dans la région. Il en est ressorti que 250 hectares étaient chaque année utilisés pour des cultures consommatrices d’eau. Dans cette région, il faudrait aménager une surface de plus de 400 hectares pour l’irrigation, compte tenu des changements des surfaces dus à la rotation des cultures et des fermages d’automne.

La consommation d’eau des cultures a été estimée, sur la base d’enquêtes et de
données climatiques, à 200 mm (500 000 m³/an) pendant une année de sécheresse,
à 135 mm (340 000 m³/an) pendant une année de sécheresse moyenne et à 95 mm (240 000 m³/an) pendant une année humide.

Il a été déterminé, sur la base du nombre de gros consommateurs, des surfaces cultivées et des cultures, que huit chariots dévidoirs ou unités d’arrosage, d’un débit de
96 l/s ou de 8300 m3 par jour, pourraient fonctionner simultanément.

Station de pompage, captage d’eau et réservoir

Un terrain de la commune d’Oetwil an der Limmat a été choisi comme site pour le captage d’eau et la station de pompage. Ce bien-fonds jouxte la Limmat et peut être alimenté en courant par un transformateur situé à proximité. La zone de captage ne subit que de faibles variations du niveau d’eau puisqu’elle se trouve dans le secteur de la retenue du barrage de la centrale électrique de Wettingen sur la Limmat. L’eau sera acheminée par deux drains dans un regard, d’où elle sera amenée à la station de pompage. Celle-ci sera construite en dehors du secteur du cours d’eau, à une altitude de 382 mètres, et devra être protégée contre les crues. L’eau d’irrigation sera refoulée par deux pompes vers le réservoir, qui se trouve à 532 mètres d’altitude.
 

Zoom: ab2019_bewaesserung_furttal_grafik01_fr.png

Extrait du GIS ZH, (plan d’ensemble/http://maps.zh.ch), complété par le réseau principal de distribution


La conduite qui amène l’eau au Hüttikerberg traversera des routes, des cours d’eau, des terres cultivées et des forêts. Le choix d’un emplacement pour le réservoir a nécessité de vastes études. Il a en effet fallu tenir compte non seulement de paramètres géologiques et topographiques, mais aussi de considérations relevant de l’aménagement du territoire, des exigences de la protection de la nature ainsi que des prétentions des propriétaires fonciers. C’est finalement dans la commune de Hüttikon qu’un site adéquat a été trouvé. Le réservoir, d’une capacité de 500 m3, servira uniquement de bassin de compensation. Il permettra de maintenir à un niveau constant la pression d’eau du réseau d’irrigation du Furttal. Il sera construit selon les normes valables pour les fosses à purin, revêtu de béton et s’intègrera bien dans le site.

Le réseau de distribution du Furttal

Le syndicat d’irrigation construira uniquement les conduites principales. Conçues en fonction des terres à irriguer, ces ouvrages traverseront toute la plaine jusqu’aux flancs de collines. Certains exploitants disposent déjà d’un réseau privé de distribution. Le syndicat devra procéder lui-même aux modifications nécessaires.

Le réseau de distribution, de la station de pompage aux consommateurs finaux (sans les conduites de distribution d’eau privées), s’étendra sur 12,6 kilomètres, avec dix-huit croisements de routes de communication et de ruisseaux ainsi que trois passages sous la ligne du RER. Pour garantir une pression suffisamment forte de 5 à 10 bars sur tout le réseau, il faudra trouver un système capable de réguler l’accès des consommateurs tout au long de la conduite en fonction des différentes charges.

La conduite d’alimentation d’Oetwil au Furttal traversera des bien-fonds agricoles qui ne seront pas irrigués et auxquels elle n’apportera aucun avantage. Dans le Furttal même, les conduites passeront essentiellement par des terrains irrigués. Après quelques adaptations locales, le tracé est désormais garanti en droit public par des droits de passage pour la conduite. Un cap extrêmement important a ainsi pu être franchi. Les deux communes concernées ont accordé au syndicat un droit de superficie à long terme pour la station de pompage et pour le réservoir.

Le tracé de la conduite du Furttal a d’abord été soumis à l’examen des propriétaires fonciers, à titre consultatif seulement. Les propriétaires concernés n’ont pas opposé d’objections notables au projet. Le droit de passage pour la conduite sera inscrit au registre foncier dès que les travaux de construction auront été autorisés par une décision entrée en force. Les droits de passage seront indemnisés selon des principes appliqués en agriculture.

Coûts, amortissement et financement

Les coûts du projet sont estimés à 8,25 millions de francs. Déduction faite de la participation de la Confédération (27 %, soit 2,2 millions de francs) et de celle du canton (30 %, soit 2,5 millions de francs au maximum), le coût restant à la charge du syndicat se monte à 3,5 millions de francs. Les communes du Furttal ont refusé de participer au projet.

Le plan de financement du réseau prévoit des charges d’exploitation annuelles de 300 000 francs. L’amortissement des pompes, des organes mécaniques et des équipements électroniques est calculé sur quinze ans, celui des conduites et des constructions sur trente ans. Le modèle de financement présenté ci-dessous a été approuvé à l’unanimité des adhérents lors de l’assemblée générale de 2018.

Le tiers des coûts annuels (100 000 francs) sont financés à fonds perdu au début de l’année. Cette participation annuelle est perçue pour 25 % à hauteur du contingent souscrit par chaque exploitation adhérente (qui correspond à la consommation d’eau maximale pendant quinze jours) et pour 75 % à hauteur de la consommation annuelle moyenne. Les 200 000 francs restants sont couverts proportionnellement à la consommation effective pendant l’année en cours.

Chaque adhérent a dû calculer son contingent et communiquer sa consommation moyenne annuelle. C’est sur la base de ces chiffres qu’ont été déterminés le volume du contingent, soit 5600 m3 par jour, et une consommation annuelle moyenne de 350 000 m3 d’eau. Relevons que cette consommation annuelle moyenne, telle qu’elle a été communiquée, correspond assez précisément à l’estimation initiale. Le prix de l’eau calculé sur la base des chiffres actuels est compris entre 0.95 et 1 franc le mètre cube ; il se situe nettement au-dessus du coût de l’eau d’irrigation puisée dans des ruisseaux ou la nappe phréatique, mais au-dessous des prix de l’eau potable.

Procédures d’autorisation

La procédure d’autorisation du projet, s’agissant de la partie des infrastructures qui va du captage d’eau aux pompes, relève de l’ordonnance réglant l’octroi de concessions et de la loi régissant la gestion des eaux dans le canton de Zurich (Konz V WWG) ; la demande a été déposée le 21 octobre 1992 et a été examinée par le service chargé des questions relatives aux déchets, à l’eau, à l’énergie et à l’air (Amt für Abfall, Wasser, Energie und Luft, AWEL). L’évaluation des conduites principales et du réservoir relève de la loi cantonale zurichoise du 7 septembre 1975 régissant l’aménagement du territoire et les travaux publics (Planungs- und Baugesetz) ; ces infrastructures ont été approuvées par le service zurichois de protection du paysage et de la nature (Amt für Landschaft und Natur, ALN), division de l’agriculture (Abteilung Landwirtschaft, ALA). La décision d’octroi de la concession et l’autorisation de procéder à des travaux d’amélioration foncière sont entrées en vigueur en avril 2019.

Le syndicat d’irrigation a déposé auprès de l’AWEL la demande de concession relative au captage d’eau dans la Limmat à l’été 2017 ; la demande portait aussi sur les constructions et installations soumises à autorisation. L’AWEL a fait examiner la demande par les services cantonaux compétents sur la forme comme sur le fond, puis a transmis aux communes concernées une documentation à des fins de publication et d’enquête publique. Les associations de protection de la nature ont alors fait opposition par précaution ; l’opposition a été traitée par l’AWEL, qui a tenu compte, dans la concession, des préoccupations et demandes qui y étaient exprimées. Les associations en désaccord avec les termes de la concession peuvent introduire un recours auprès du tribunal compétent. L’octroi de la concession était attendu pour le début de l’année 2019.

La demande portant sur la construction du réseau de conduites principal et du réservoir (la partie relevant de la législation sur les améliorations foncières) a été traitée par l’ALN parallèlement à la demande de concession. L’examen du dossier par les services cantonaux, sur la forme et sur le fond, de même que la mise à l’enquête publique, ont été coordonnés. Seul le réservoir a suscité deux oppositions. Celles-ci ont été examinées et levées sur place, si bien que le l’ALN a pu soumettre le projet au Conseil d’État pour approbation et promesse d’allocation du subside cantonal. La décision du Conseil d’État clôt la procédure d’autorisation de construire, comme le prévoit l’art. 308, al. 2, de la loi cantonale sur l’aménagement du territoire et les travaux publics (PBG).

Urs Müller, Müller Ingenieure AG, Dielsdorf ; u.mueller@mueller-ing.ch

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