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La sécurité alimentaire est assurée quand la population a accès en tout temps à des aliments de bonne qualité, d’un prix abordable et en quantités suffisantes. L’approvisionnement alimentaire de la population ne va toutefois pas de soi, même dans un pays aussi performant au point de vue économique que le nôtre. Assurer la sécurité alimentaire dépend dans une large mesure de la conception de systèmes alimentaires durables. Un système alimentaire est considéré comme durable s’il assure la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous. Ce faisant, les fondements économiques, sociaux et écologiques de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour les générations futures ne peuvent être remis en cause.

Un système alimentaire durable destiné à maintenir la sécurité alimentaire ne concerne donc pas seulement la politique agricole, mais aussi un grand nombre d’autres politiques sectorielles. En approuvant l’initiative populaire fédérale « Pour la sécurité alimentaire », le peuple suisse s’est exprimé en faveur de l’inscription de la sécurité alimentaire dans l’article 104a de la Constitution fédérale. Cet article définit les principes suivants pour garantir à long terme l’approvisionnement alimentaire de la population suisse :

  • préserver les bases de la production agricole, notamment les terres cultivables ;

  • produire les denrées alimentaires de manière adaptée aux conditions locales et en utilisant les ressources de manière efficiente ;

  • axer l’agriculture et le secteur alimentaire sur les besoins du marché ;

  • mener des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable ;

  • utiliser les denrées alimentaires de manière à préserver les ressources, en réduisant notamment les gaspillages.

L’art. 104a, let. d, de la Constitution fédérale demande à la Confédération de créer des conditions pour des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire.

Le 23 août 2019, les quatre États membres de l’AELE (Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) ont conclu un accord commercial sur la substance avec les États membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Cet accord contient un chapitre entièrement dédié à la durabilité au sein des relations commerciales. En ce qui concerne les domaines de l’agriculture et de l’alimentation, ce chapitre comporte un article sur le commerce, l’agriculture durable et des systèmes alimentaires durables. Cet article a pour but de promouvoir une agriculture durable et des systèmes alimentaires durables grâce à

  1. un échange d’information, d’expériences et de bonnes pratiques concernant l’agriculture et des systèmes alimentaires durables ;

  2. un dialogue régulier sur les aspects liés à la durabilité, au commerce, à une agriculture durable, et à des systèmes alimentaires durables,

  3. un compte rendu des progrès réalisés en vue d’une agriculture durable et de systèmes alimentaires durables, à travers l’utilisation et le développement de pratiques et technologies agricoles, afin d’assurer une continuelle évolution.

Il a été convenu, entre les États membres de l’AELE et les États membres du Mercosur, de baser le dialogue sur un cadre reconnu au niveau international, le programme de développement durable à l’Horizon 2030 (Agenda 2030).

L’inclusion d’articles sur le commerce, l’agriculture durable et des systèmes alimentaires durables au sein des accords commerciaux (nouveaux tout comme existants) permet de répondre aux exigences de la Constitution (art. 104a, let. d) et de contribuer à la réalisation des 17 objectifs de développement durable de l’Agenda 2030.

Comité National Suisse de la FAO

La Suisse joue un rôle de précurseur au niveau international et est fortement engagée dans la transformation urgente et nécessaire des systèmes agricoles et alimentaires. L’importance de l’agroécologie dans ce processus de transformation a amené le « Comité national suisse de la FAO (CNS-FAO) », un organe consultatif du Conseil fédéral sur les thématiques de la sécurité alimentaire et des systèmes alimentaires durables, à publier un document de travail sur « L’agroécologie comme moyen d’atteindre les ODD ». Il vise à informer le gouvernement suisse et les acteurs intéressés sur l’agroécologie et ses enjeux et établit un lien avec les discussions internationales conduites par la FAO et le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA).

À l’occasion du voyage d’études annuel de l’EPFZ à la FAO, le CNS-FAO et la Mission à Rome ont été invités à un événement (side event) pour présenter le document de travail et en discuter. Près de 100 personnes étaient présentes. Le panel comprenait des représentants du secteur privé, des organisations paysannes (dont l’Organisation mondiale des agriculteurs), une institution de recherche (CIRAD) et une étudiante de l’EPFZ. Le travail du CNS-FAO a été apprécié et le document a fait l’objet de discussions et d’une évaluation très constructives. Le fait qu’un comité multipartite rassemblant un large éventail d’opinions et de points de vue ait été en mesure d’adopter un tel document a été cité par plusieurs conférenciers et participants comme une pratique exemplaire.
 

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Le document de travail du CNS-FAO a été présenté à Rome. Il vise à informer le gouvernement suisse et les acteurs intéressés sur l’agroécologie et ses enjeux.


Les autres thèmes prioritaires du CNS-FAO au cours de la période législative actuelle (2016 – 2019) ont été les systèmes alimentaires et l’alimentation durables, la concentration mondiale des entreprises de semences et de pesticides, les jeunes agriculteurs, ainsi que l’urbanisation et la transformation rurale.

Parmi les autres programmes et initiatives internationaux dans lesquels la Suisse s’engage en faveur de la sécurité alimentaire et d’une plus grande résilience au changement, on peut citer l'Agenda mondial pour un élevage durable (Global Agenda for Sustainable Livestock, GASL) et le Partenariat de la montagne (Mountain Partnership, MP).

Agenda mondial pour un élevage durable

L’OFAG continue de travailler avec la FAO et d’autres partenaires dans le cadre de l’Agenda mondial pour un élevage durable (Global Agenda for Sustainable Livestock, GASL). D’importants efforts sont nécessaires en fait de recherche agronomique et d’investissement, couplés à une saine gouvernance, pour permettre au secteur de l’élevage de répondre dans le monde entier à la hausse de la demande de denrées d’origine animale et à une population dont les besoins changent. Par ailleurs, ce secteur est appelé à contribuer à réduire la pauvreté, à améliorer la sécurité alimentaire, tout en protégeant l’environnement et en faisant œuvre de santé publique.

Le but du GASL est d’assurer à long terme le développement durable de l’élevage, dont la réalisation passe entre autres par un usage efficient des ressources naturelles. Les questions qui se posent dans ce contexte sont des questions de sécurité alimentaire, de santé publique, de croissance équitable, et se rapportent aussi aux ressources naturelles et au changement climatique. L’Agenda 2030 constitue son cadre de référence stratégique le plus important. Le GASL compte plus de 100 membres, dont des gouvernements, des agriculteurs, des membres du secteur privé et de la société civile, des organisations non gouvernementales (ONG) et des communautés de recherche. Son secrétariat est basé au siège de la FAO à Rome.

En mai 2019, le GASL a adopté un nouveau Plan d’action pour la période 2019 – 2021, dans le but d’améliorer le dialogue politique sur les questions de la durabilité de l’élevage, de produire et disséminer des données probantes, et de promouvoir des changements dans les pratiques et politiques d’élevage. Les instruments mis au point dans le cadre du GASL, tels que les méthodes d'analyse LEAP (Livestock Environmental Assessment and Performance Partnership), sont appliqués dans la pratique.

La conférence internationale (Multistakeholder Partnership Meeting, MSP) annuelle du GASL est un événement majeur de l’initiative. Elle a lieu chaque année dans un pays différent et offre un espace pour des séminaires régionaux et nationaux sur le développement durable du secteur de l’élevage. La 10e édition du MSP se tiendra en 2020 en Suisse à Delémont. Elle sera accueillie par le Canton du Jura et la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI), et portera sur le thème de la multifonctionnalité du secteur de l’élevage aux niveaux mondial, régional et local.

Favoriser le développement durable des régions de montagne : le Partenariat de la montagne

Le Partenariat de la montagne (PM) est une alliance volontaire de coordination transnationale composée d’acteurs de la montagne (gouvernements, organisations intergouvernementales, société civile et entités privées) qui œuvrent au développement durable des montagnes et s’engagent à accroître leurs efforts en vue de mettre en œuvre l’Agenda 2030. Le PM compte 370 membres. Son secrétariat a été créé en 2002 à l’initiative de la Suisse, de l’Italie, de la FAO et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Le secrétariat est hébergé par la FAO à Rome. La mission principale du PM consiste à assister les membres dans la réalisation du programme commun et à favoriser la coopération.Il a adopté un Cadre d’action (Framework for Action) en vue de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour les zones de montagne, prenant la forme d’une feuille de route concrète qui prévoit la mise en place de processus de longue durée et l’établissement de politiques qui renforcent la résilience des populations et environnements de montagne. L'OFAG soutient le Secrétariat et donne au partenariat l'occasion de présenter ses activités.

Le 11 décembre 2018, lors de la « Journée internationale de la montagne », le PM a participé à Berne à une soirée organisée à l’occasion des 75 ans du Groupement suisse pour les régions de montagnes (SAB). En collaboration avec des représentants de l’OFAG, il a traité de la question du renforcement des systèmes alimentaires durables et des chaînes de valeur, et a présenté ses activités de promotion des produits de montagne préservant la biodiversité agricole et améliorant les économies locales et moyens d’existence. La « Journée internationale de la montagne » est un événement introduit par l’ONU, afin de sensibiliser la population quant à l’importance de la montagne en tant qu’espace naturel et vivant.

Durant le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN) de 2019 au siège des Nations unies à New York, le PM a également co-organisé, en collaboration avec la Suisse et d’autres acteurs onusiens et gouvernementaux, un événement (side event) sur la thématique du changement climatique dans les régions de montagne.

Michael Hartmann, Michaël Sapin, Madeleine Kaufmann, Alwin Kopse,OFAG, secteur Affaires internationales et sécurité alimentaire, alwin.kopse@blw.admin.ch

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